Je deviens moi

Après plusieurs années de fouilles généalogiques J'ai retrouvé les fossiles de mon moi véritable Cette étude fut plus ou moins chaotique Mais le résultat est plus qu'admirable Je ne jette pas la pierre sur Pierre, Paul ou Jacques J'ai accepté les étiquettes que je craignais comme une mauviette Ces jugements et toutes ces attaques Je les ai attiré en les fuyant et les mettant dans ma tête Une frénésie extravagante m'effleure Et j'oublie les peines, les rancoeurs En posant sur le papier quadrillé Les mots, le verbe qui me font briller N'y voyons pas un nouveau Narcisse Qui se noie dans sa propre image J'accueille dorénavant la catharsis Et j'écris une nouvelle page Une rencontre avec moi même Me fait vous dire que tout se trouve en nous Et si nos entrailles, nos foies se nouent N'accusons pas notre prochain de ces tourments blêmes Ils sont le fruit de notre propre imagination Nos pensées sont d'une force, d'une puissance Dépassons les lignes de démarcations Et vivons pleinement nos renaissances Ce que je vis, ce que je vois Peut-être ne le vois-tu pas encore Continue de garder la foi C'est ce que je ressens, ce qu'il en sort Le mal sort comme un rien Il en a mis du temps à s'extirper Je m'y complaisais, j'en conviens Il n'est plus la peine de s'étriper Les évidences deviennent réalité Quand nous sommes prêts à les accueillir Une nouvelle et belle égalité Est en train de refleurir Les guerres, les drames sont bien réels aussi Et inutile de me dire que je suis naïf En sortant vos matraques, vos canifs J'ai choisi une autre voie la poésie Pour dégommer les poisses et les venins Les maladies et les crabes malins ou bénins Je deviens moi et je m'accepte Comme je suis; plus rien ne m'arrête La machine est lancée à cent à l'heure Le voilà enfin le vrai bonheur Je deviens moi et je dis oui À cette merveilleuse nouvelle vie Je vous l'offre comme un cadeau Et vous libère de vos fardeaux Le délestage a commencé depuis longtemps C'est pour cela que j'ai choisi de m'appeler Bontemps J'aurais pu choisir Baudelaire ou bien Queneau Mais peut importe que le nom soit beau L'important est de pouvoir délivrer les flambeaux Du haut de la falaise, il n'y a plus de vertige Et tel l'archéologue, je délivre les vestiges De mon enfance, de ma famille Et je vois les anges qui fourmillent Avec les aigles aux ailes dorées Ils retrouvent leurs aires adorés Je témoigne aujourd'hui pour encourager Mes frères et soeurs qui ont bien enragé Et qui veulent ranger dans leurs tiroirs Les conflits, les peurs et les miroirs Que les alouettes leur ont donné À leur naissance sans l'effet D'une vraie et douce délivrance Que d'autres joyeuses fées Auraient dû sans manigance Leur apporter à la maternité Mère qui n'a pas su éviter De s'adonner à des angoisses Mais qu'aujourd'hui sa joie s'accroisse Je respire profondément Je lâche prise et attire comme un aimant Ce qui me correspond le mieux Jusqu'à la fin, jusqu'à ce que je sois vieux.